Entretien avec Margot, bénévole du collectif Dabane Environnement 2022.

Comment le projet a t-il émergé ?
Le projet a émergé lorsque nous avons participé à la réunion bilan de Dabane Ecole 2021.
Le Directeur de l’école élémentaire de Dabane a évoqué l’envie de continuer à travailler sur des projets de coopération internationale, afin d’échanger et d’améliorer aussi les conditions de scolarisation des enfants du village.
En outre, les étudiants de l’association Sowali Dabane étaient intéressés pour travailler autour d’un projet sur l’environnement, qui est une question majeure pour des personnes qui vivent dans un environnement parfois hostile.
Nous sommes aussi sensibles aux questions relatives à l’environnement et il nous a parut intéressant de réfléchir sur comment nous pouvions, à notre tour, participer à un projet de coopération avec les Sénégalais de Dabane.
L’idée de la création d’un potager pédagogique au sein de l’école est née de deux constats : les enfants ne peuvent pas manger à l’école car il n’y a pas de cantine. Beaucoup ne mangent donc pas lorsqu’ils sont à l’école. D’autre part, les légumes et les fruits sont des aliments qui coûtent chers, et peu consommés par les habitants de Dabane.
Aussi, ce potager permettrait de sensibiliser les enfants ( et les parents) aux pratiques de culture raisonnée, tout en produisant des légumes et des fruits pour les enfants de l’école !
Ainsi, les enfants s’occuperont de l’entretien du potager, et pourront observer l’évolution de leurs récoltes.
On peut aussi dire que cela leur permettra de développer une certaine autonomie, de se responsabiliser et d’apprendre des techniques d’agriculture raisonnée accessibles à tous.

Comment les repas seront-ils préparés ?
Les femmes du village sont prêtes à préparer les repas des enfants ( déjeuner). Il faut encore travailler cette question et finaliser cet engagement avec elles.
Comment le groupe s’est-il constitué ?
Nous sommes 6 personnes dans le groupe. Je suis arrivée par l’intermédiaire de la maraude mensuelle, pilotée par Sophia, avec qui je faisais des études. Corentin et Maeva sont arrivés aussi par ce biais, en s’interessant à la maraude. Nous avons ensemble participé à la soirée de retour de dabane Ecole 2021, et l’histoire a fait le reste. Manon et Valentine nous ont rejoins rapidement via Sophia qui les connaissaient et qui étaient aussi impliquées dans la maraude mensuelle.
Comment s’organisent les rencontres ?
Durant presque un an, nous avons fait pas mal de visioconférences entre nous. Tout d’abord, l’objectif était de peaufiner le projet ; nous étions accompagnés par Evasion durant cette période de réflexion. Petit à petit, en fonction de nos envies et de nos capacités, et des besoins exprimés par Sénégalais, le projet s’est précisé. En novembre 2021, nous avons fait une première visio avec le président de Sowali Dabane et le directeur de l’école de Dabane pour commencer à réfléchir avec eux, en ayant les premières grandes lignes de ce qui allait devenir le projet actuel.
Ce pré-projet s’est effectivement déroulé dans le cadre d’un financement ISI ( Fonjep)
Oui ! Cela permettait de tester la motivation de chacun, et de travailler en amont le projet final, à savoir la création du potager derrière l’école de Dabane.
Comment vous-êtes vous organisés ?
Avec les Sénégalais, nous avons convenu de travailler autour de la culture raisonnée, et de s’auto-former à diverses techniques.
Au delà des échanges de savoirs et de compétences, ces techniques sont ou seront appliquées par les Sénégalais.
Nous avons défini ensemble des thématiques à traiter, puis chaque bénévole a effectué les recherches autour de cette thématique et a proposé, lors de visioconférences Franco-Sénégalaises, des sessions de formation. Chaque mois, à partir d’avril ( sauf en août), nous avions une session de formation.
Par exemple, j’ai travaillé autour de l’huile de neem. On s’est aperçu que les villageois avaient des margousiers autour d’eux mais qu’ils ne les utilisaient pas. En creusant la question, j’ai découvert que l’huile de Neem ou de margousier, pouvait être une alliée précieuse, non seulement pour l’agriculture, mais aussi à des fins cosmétiques ou même médicinales !
Après cette visioconférence, les Sénégalais ont récupéré les noyaux des fruits et ont produit leur première huile !
Nous avons aussi travaillé autour du compost, comment constituer un compost… Du coup, les villageois ont commencé à faire du compost, même s’ils n’ont pas beaucoup de déchets. Mais le compost peut être un bon moyen pour fertiliser la terre du futur potager.
D’ailleurs lorsqu’on sera là bas, et en fonction du temps qu’il nous restera, nous ferons ensemble des bacs à compost ou tout le monde pourra déposer ses déchets, et celui ci sera utilisé pour le potager.
Vous êtes dans l’échange de connaissances ?
Tout à fait ! on apprend mutuellement diverses choses et c’est vraiment très enrichissant pour nous comme pour eux !

Comment est financé ce projet ?
Nous avons mis en place 4 auto-financements afin de financer une partie du projet. là aussi, des visio étaient prévues afin de s’organiser entre nous sur ce qu’il fallait faire etc…
Nous avons aussi été accompagné par Evasion sur la rédaction du dossier VVV-SI du FONJEP, qui a attribué une subvention sur ce projet.
Enfin, les bénévoles d’Evasion sont très investis , et nous accompagnent tout au long du projet . Nous seront accompagnés aussi sur place par un bénévole qui est rodé aux séjours dans le cadre de la coopération internationale, ce qui est plutôt rassurant.
Comment se passent les relations à distance ?
Il n’y a pas de problèmes particuliers mis à part les problèmes de connexion. Sinon, on se comprend bien… sauf lorsque ça coupe… donc il faut répéter. A part ça, ça va !
Quel est le chantier en question auquel vous allez coopérer avec Sowali Dabane et les villageois de Dabane ?
Le potager est en fait pour nous… un champ ! La parcelle est très grande ! Normalement les Sénégalais auront préparé la terre avant que nous arrivions, mais c’est compliqué pour le moment car la saison des pluies n’est pas encore terminée ( alors qu’elle devrait l’être depuis fin août). Nous allons alors clôturer le jardin, puis nous découvrirons sur place quelles types de plantations pourront être envisagées, en fonction du type de sol. Nous avons aussi travaillé, avec Cassandre, qui est en service civique à Evasion, sur un support imagé à l’intention des enfants. Ce support visuel reprend les thématiques que l’on a traité lors des visioconférences, et reprend les techniques du compost, de l’huile de neem, de la gestion de l’eau avec le compte-goutte fait maison, ou encore de ce qu’est la culture raisonnée… On va pouvoir mettre en pratique avec les enfants de l’école !
Et puis, comme je l’ai dis tout à l’heure, en fonction des condition de travail et du temps restant, on créera des bacs à compost pour ce potager pédagogique partagé.
Est-ce que vous prévoyez une suite à ce projet ?
Pour l’instant, on aimerait suivre l’évolution du projet, voir comment le potager va fonctionner. On aimerait travailler autour des technique de permaculture avec les Sénégalais, mais pour l’instant c’est juste une idée.
Que dirais-tu à un jeune qui aimerait participer à ce projet mais qui n’ose pas ?
Personnellement, j’ai eu peur de me lancer par manque de temps, avec mes études, notamment. Et puis finalement, je me suis dit, allez c’est bon, on y va ! après les motivations peuvent être très personnelles. Pour moi, ça a été de faire le lien entre ce que j’apprends en cours, sur le concept de la solidarité, et que je peux finalement appliquer avec ce projet !
C’est aussi hyper-enrichissant d’échanger avec les Sénégalais; de voir la motivation des uns et des autres. C’est un enrichissement mutuel et partagé, c’est vraiment valorisant.
Et puis, le fait d’être en groupe et d’être accompagné par une structure qui a de l’expérience dans ce type de projet de coopération internationale est un plus. S’investir dans un projet comme celui-là, c’est motivant car c’est concret !
Quelles sont tes craintes par rapport au séjour qui s’annonce ( du 21 octobre au 4 novembre 2022)
Ma plus grande crainte, c’est les bestioles. Mais à part ça je me laisse emporter. Je sais que je vais revenir différente, changée… Ca me donne envie d’aller voir ailleurs, de découvrir de nouvelles cultures… et aussi probablement de constater la chance que nous avons de vivre en France.
Entretien effectué le 26 septembre 2022